Parôdia Parodie Parodies Pastiches

Que ce soit au cinéma, dans la littérature, à la télévision, dans la presse écrite, ou au théâtre, la parodie est omniprésente, notre quotidien lui-même en est contaminé. De fait, les messages qui constituent notre environnement visuel et sonore sont fréquemment fondés sur une rhétorique parodique: reprendre une phrase entendue en lui donnant un autre ton ou en changeant quelques-uns de ses mots pour en transformer le sens.

Pourtant, la parodie recouvre une opération précise, liée à l'origine à une certaine technique de citation et devenue par la suite un genre littéraire.

Ainsi, ce blog a pour objectif d'établir un panorama des différentes conceptions de la parodie dans son élément originel, autrement dit le théâtre, à travers les âges, de l'Antiquité à nos jours.

Lire: quoi et où

ARISTOTE, Poétique, traduit du grec par DUPONT-ROC R. et LALLOT J., Seuil, 1980 (disponible à la BU Droit-lettres Université Caen Basse-Normandie)

DOUSTEYSSIER-KHOZE, Catherine, PLACE-VERGHNES, Floriane, Poétiques de la parodie et du pastiche de 1850 à nos jours, 2006, 361 pages (disponible à la BU Droit-lettres Université Caen Basse-Normandie)

EICHEL-LOJKINE, Patricia, Excentricité et humanisme: parodie, dérision et détournement des codes de la Renaissance, Droz, Genève, 2002, vol.1, 347 pages (disponible à la BU Droit-lettres Université Caen Basse-Normandie)

GENETTE, Gérard, Palimpsestes, la littérature au second degré, Seuil, coll. "Poétique", Paris, 1982 (disponible à la BU Droit-lettres Université Caen Basse-Normandie)

HUTCHEON, Linda, "Ironie et parodie: stratégie et structure", Poétique 36, 1978, traduit de l'anglais par HAMON Ph. (disponible à la BU lettres Université Tours)

LANSON, Gustave, "La parodie dramatique au XVIIIème siècle", in Homme et livres, Slatkine reprints, Genève, 1979

LEROY, Claude, La Parodie (disponible à la BU Lettres Aix-Marseille I)

SANGSUE, Daniel, La Parodie, Hachette, Paris, 1994 (disponible à la BU Droit-lettres Université Caen Basse-Normandie)

THOMAS, Paul, De la parodie dramatique chez les Grecs, Mons, 1873, 88 pages (disponible à la bibliothèque Sainte Geneviève à Paris)

UMBERTO, Eco, Pastiches et postiches, traduit de l'italien par GUYADER Bernard, Messidor, Paris, 1988 (disponible à la BU Droit-lettres Université Caen Basse-Normandie)

Introduisons par citations

Octave Delepierre dans son Essai sur la parodie chez les Grecs, les Romains et les modernes sur le site de la bibliothèque numérique de la Bibliothèque Française: http://gallica.bnf.fr/

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5813491b.image.r=delepierre+grecs.f19.pagination.langFR

"Lorsque les rhapsodes chantaient les vers de l'Iliade ou de l'Odyssée, et qu'ils trouvaient que ces récits ne remplissaient pas l'attente ou la curiosité dse auditeurs, ils y mêlaient, pour les délasser, et par forme d'intermède, des petits poèmes composés des mêmes vers à peu près, qu'onn avait récités, mais dont ils détournaient le sens, pour exprimer une autre chose, propre à divertir le public. C'est ce qu'ils appelaient "parodier" de "para" et "ôdé", "contre-chant"."

Cette citation est intéressante car elle offre une première explication sur la naissance de la parodie en tant qu'héritière de la rhapsodie.

Mots clés: rhapsodie, intermède, parodier, divertir


Aristote et sa Poétique sur la site de la bibliothèque numérique de la Bibliothèque Nationale Française: http://gallica.bnf.fr/

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70607g.image.r=poétique+aristote.f12.tableDesMatieres.langFR

"Homère a fait les hommes meilleurs qu'ils ne sont; Cléophon les a faits comme ils sont; Hégémon, inventeur de la parodie, et Nicocharis, auteur de la Déliade, pires qu'ils ne sont."

Discrètement est énoncé le possible premier auteur de parodie. Il s'agit d'Hégémon de Thasos, seul dramaturge auquel Aristote rattache le genre qu'il baptise de "parôdia". Aristote cite également une Deiliade qui serait une Iliade de la lâcheté selon Nicocharès, qui se présente donc comme une anti-épopée.

Mots clés: épopée, dramaturge, genre


Du Marsais dans Des Tropes sur le site de la bibliothèque numérique de la Bibliothèque Nationale Française: http://gallica.bnf.fr/

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50576m.image.r=des+tropes+DU+MARSAIS+1730.f270.tableDesMatieres.langFR

"Parodie signifie à la lettre un chant composé à l'imitation d'un autre; et, par extension, on donne le nom de parodie à un ouvrage en vers dans lequel on détourne, dans un sens railleur, des vers qu'un autre a faits dans une vue différente. On a la liberté d'ajouter ou de retrancher ce qui est nécessaire au dessein qu'on se propose; mais on doit conserver autant de mots qu'il est nécessaire pour rappeler le souvenir de l'original dont on emprunte les paroles. L'idée de cet original, l'application qu'on en fait à un sujet d'un ordre moins sérieux, forment dans l'imagination un contraste qui la surprens, et c'est en cela que consiste la plaisanterie de la parodie."

Dans cette citation, Du Marsais, grammairien et philosophe français donne une définition de la parodie en tant que figure de sens adapté qui consiste à rapporter des paroles connues en leur donnant un sens différent de celui qu'elles avaient originellement.

Mots clés: parodie, imitation, plaisanteries, poème

Quelques articles

BEUGNOT, Bernard, "L'invention parodique du XVIIème siècle", Etudes littéraires, 1986, vol.19, n°1, 81-94 pp. disponible sur le site http://www.erudit.org/
Cet article situe la parodie dans un siècle où sa définition, donnée par Richelet et Furetière, est très réductrice: "Sorte de poème, où pour jouer quelque personne on tourne avec esprit et un sens railleur et agréable les vers de quelque grand Poète. La Parodie a été inventée par les Grecs".

BIARD, Michel, "Théâtre du XVIIIème siècle: jeux, écritures, regards", Annales historiques de la Révolution française, 2001 disponible sur le site http://ahrf.revues.org/
Lien vers l'article: http://ahrf.revues.org/1037
Cet article traite des différents aspects du monde théâtral au XVIIIème, siècle de révolution politique et intellectuelle. Un rapprochement y est fait entre le théâtre de l'époque et les contestations qui animent les esprits.

FABE, Denis, "Lire un texte documentaire parodique", Lecture, disponible sur
Cet article s'appuie sur un texte de Marie-Ange Guillaume qui consiste en une parodie d'un texte documentaire. Fabé établit un protocole de lecture d'un texte parodique.
Mots clés: parodie, texte, lecture, méthode


SALLIER, "Discours sur l'origine et sur le caractère de la parodie", Histoire de l'Académie royale des inscriptions et belles lettres, 1733
L'Abbé Sallier assigne à la parodie une mission utilitaire envertu des fameux préceptes classiques qui veulent que la poésie joigne l'utile à l'agréable et que la comédie corrige les moeurs en riant.


THOMSON, Clive, "Problèmes théoriques de la parodie", Etudes littéraires, 1986, vol.19, n°1, 13-19 pp. disponible sur le site http://www.erudit.org/
Cet article s'attache à présenter et à problématiser les différentes définitions les plus récentes de la notion de parodie afin d'en établir une certaine théorie.


VIELLEDENT, Sylvie, "Dumas parodié", Revue d'histoire littéraire de la France, 2004, 851-869 pp. disponible sur:
Cet article montre qu'après l'abolition de la censure en juillet 1830, le théâtre du XVIIIème siècle, notamment de celui Dumas, Musset et Hugo, sucite les réécritures et les commentaires moqueurs de la part des parodistes.
Ces derniers profite de cette liberté due à la considération portée sur la parodie qui n'est vu que comme un genre futile.
Mots clés: romantisme, censure, Dumas, Hugo

L'inscription de la parodie dans l'histoire

Quelques pièces parodiques, classées dans un ordre chronologique


SCARRON, Paul, Virgile travesti
Cette pièce est une parodie de l'Eneide de Virgile. Constituée de sept livres, elle est considérée comme le chef-d'oeuvre de la littérature parodique du XVIIème siècle. Etudier Virgile travesti permet de prendre connaissance de ce qu'est le genre parodique au XVIIème siècle et donc d'en donner une définition et une esthétique.
Mots clés: parodie, Scarron, Virgile, Eneide


L'Amour impromptu est une parodie représentée au théâtre de l'opéra comique le 10 juillet 1756
Ce document porte les traces de l'approbation royale, indispensable à l'époque pour faire une représentation en toute légalité.
Mots clés: parodie, opéra, comique


L'Ambigu tragique est une parodie en 1 acte et en vers.
Cette pièce a été représentée pour la première fois au théâtre de Lille le 3 mars 1778.
Mots clés: parodie, Lille, Ambigu, tragique


DESAUGIERS, Marc-Antoine, Les Petites Danaïdes
Pièce qui date de 1817 et qui parodie l'opéra des Danaïdes est une des deux pièces les plus goûtées en ce XIXème siècle, avec Arnali ou la Contrainte par cor d'Auguste de Lausanne
Mots clés: parodie, Danaides, opéra, XIX

DESTEILLARD, La Parodie du Prophète
Ecrite en 1877, elle a été représentée au théâtre Guignol. Ce document historique présente les vers de cette pièce.
Mots clés: parodie, Guignol, Prophète, Desteillard

Quelques sites

Sites anglais:

http://www.shakespeare-parodies.com/ est un site qui recense les différentes parodies de pièces du dramaturge elisabethain, William Shakespeare.
L'intérêt est qu'il montre de quelle manière un grand nom du théâtre, connu pour son pessimisme, peut être tourné en dérision.

http://theaterstudies.duke.edu/ est un site anglais qui renvoit à l'université de Duke. Une de leurs activités consiste à étudier et rapprocher différentes pièces de théâtre à travers le monde.
La parodie est un de leur axe de recherche.

La Parodie en images

Cet article a pour but de retracer l'histoire de la parodie à travers une dizaine d'iconographies. Les iconographies se subdivisent en deux catégories: les pièces et les costumes. Les pièces sont classées selon l'ordre chronologique de l'oeuvre originale et non de la parodie afin de montrer que tous les âges du théâtre sont suceptibles d'être parodiés.


Quelques oeuvres:


Antiquité:
Le Sage et d'Orneval est une pièce, datant de 1721, parodie l'opéra de Télémaque. Télémaque est un personnage mythique présent dans l'Odyssée d'Homère.
L'iconographie représente la scène 14 et a été réalisée par Robert Bonnard.


Mots clés: Télémaque, Bonnard, opéra


Renaissance:
Gargantua de Rabelais est une des oeuvres de la Renaissance la plus célèbre aujourd'hui et paradoxalement la plus controversée à cette époque. De fait, elle vise l'enseignement de la Sorbonne et en fait une parodie pour plaider une culture humaniste.
Cette iconographie était sur la couverture de l'oeuvre, elle date de 1532 et l'artiste à l'origine de cette dernière est inconnu.




Théâtre elisabethain:
Roméo et Paquette de Carriere Doisin est une parodie en cinq actes et en vers burlesques de la pièce elisabethaine de Shakespeare, Roméo et Juliette.
L'iconographie représente une scène entre Gargaric et Roméo à l'acte III, scène 1. Cette parodie date de 1773.


Mots clés: parodie, Shakespeare, Romeo, Juliette



Les costumes:

La Fille à Georgette est une parodie en 1 acte par Albin Valabregue. Cette gravure date de 1886 représente une des scènes de cette parodie au Théâtre du Palais Royal à Paris


Mots clés: estampe, parodie, Paris, Palais-Royal



Ce dessin représente deux personnages, Manon et Cadet Roussel, de la parodie de Jean-Toussaint Merle et Théophile Dumersan,Cadet Roussel Hector ou La tragédie de Troyes en Champagne. Cette iconographie s'attache à représenter les costumes de la pièce.


Mots clés: costumes, parodie, tragédie, Roussel



Ce dessin représente un personnage emblèmatique du drame burlesque Robert Macaire interprété par Frédérick Lemaître dans les années 1880.

Ce personnage est notamment présent dans la parodie de L'auberge des Adrets.



Mots clés: burlesque, drame, parodie, Macaire


Cette iconographie est un dessin de Carle; il s'agit du costume de Joly dans le rôle de Pupo, personnage de La Manufacture d'indiennes.


Mots clés: vaudeville, parodie, costume, manufacture


Petit plus:
Cette iconographie est un dessin réprésentant ce qu'est la scène de manière parodique par le dessinateur Lhéritier en 1872

Variantes de la parodie

Lors de leur représentation théâtrale, les Grecs mélaient poésie, musique et chant.
Cette extrait sonore permet de faire un lien entre la musique et le théâtre antique grec qui comprend des pièces relevant de l'esprit parodique que l'on connaît aujourd'hui.
Il provient d'une conférence donnée par Annie Bélis, ancienne élève de l'Ecole Normale Supérieure et ancien memebre de l'Ecole française d'Athènes. Directeur de recherche au CNRS, elle est rattachée
à l'Institut de recherche et d'histoire des textes (IRHT) en section papyrologie.
A la fois, philologue et musicologue, elle a consacré l'ensemble de ses travaux à la musique de l'Antiquité. C'est à partir de ses travaux scientifiques et de la collaboration avec des luthiers qu'elle a fait le
pari de reconstituer des instruments antiques et qu'elle a fondé en 1992, l'ensemble Kerylos, dont elle est la directrice artistique, avec lequel elle interprète des partitions antiques.

Lien vers l'extrait de la conférence organisée par Sylvain Perrot et Laure Petit de l'ENS de Paris.

Comment est traitée la parodie en ligne?

En ligne, la parodie est un thème qui est traité d'autant de façons que la notion a de se sens et d'emplois. Il est donc difficile de recentrer la recherche sur la parodie de l'écriture théâtrale car elle est vampirisée par la démocratisation du terme.
Néanmoins, on peut constater que la parodie est, dans son sens théâtrale, traitée de deux manières différentes:
La première est comparative. Il s'agit alors de mettre en apposition l'oeuvre originale et sa version parodiée, afin d'étudier la lecture à adopter et le système d'écriture.
La seconde est historique. La parodie s'inscrit dans une chronologie, ainsi elle permet de donner des informations sur la tendance littéraire et artistique de l'époque, mais également qui et/ou quoi est visé.

Lien vers la version .pdf de ce blog

http://www.pdfonfly.com/pdfs/http___genreparodique.blogspot.com_.pdf

L'identité numérique en question

Avec la prolifération des blogs, des réseaux sociaux tels que "facebook" (http://www.facebook.com/) ou "twitter" (http://twitter.com/) et autres plateformes d'échange, les contenus générés par les utilisateurs prennent une place importante sur la toile. Tous ces contenus laissent des traces sur les sites qui les hébergent et dans les index des moteurs de recherche.
L'identité numérique d'un individu est composée de données formelles comme les certificats et informelles telles que les commentaires, les billets ou les photos. Tous ces bouts d'information composent une identité numérique globale qui caractérise un individu, sa personnalité, ses habitudes et son entourage.
Pour imager, on peut dire que ces données fonctionnent comme des gènes qui, une fois assemblés, forment l'ADN numérique d'un individu.
Cette mise à nue effrayante et qui semble involontaire, peut être partiellement maîtrisée. De fait, il faut savoir se protèger et protèger son identité de la curiosité de la toile. Pour se faire, il faut impérativement éviter de mettre des données personnelles telles que ses coordonnées postales et téléphoniques. Il s'agit avant tout de gérer son identité numérique et cela passe par la maitrise de ces gènes qui forment l'ADN numérique de l'individu.

Et la mienne?
Pour protéger mon identité numérique, j'ai tenté de diviser les informations me concernant en les dissimulant derrière différentes adresses email.
En ce qui concerne les amis et la famille, j'utilise une adresse personnelle.
Pour tout ce qui concerne le domaine professionnel, une adresse pour ne récolter que les mail concernant les cours, mais aussi les expositions, c'est également elle qui est présente sur mon curriculum vitae.
Pour ce blog, l'adresse mail que j'utilise est: artsdustheatre@yahoo.fr.
Ainsi, j'utilise trois adresses email, divisées par domaine, ce qui me permet de gérer et distinguer les informations concernant la vie privée de celles de la vie professionnelle.Mon identité numérique est donc davantage protégée.